La Carte Agir : la banque se met au marketing éthique avec le Crédit Coopératif

février 23, 2010

D’habitude, on associe plus volontiers le marketing éthique aux secteurs de l’alimentaire ou de la mode qu’à celui de la banque (microcrédit mis à part). Mais cet état de fait n’a pas nécessairement vocation à durer.

Le Crédit Coopératif, banque positionnée dans la « finance solidaire » et qui propose au consommateur de « donner un sens à son épargne », vient de lancer la Carte Agir.

Pour chacun de vos retraits avec ladite carte, le Crédit Coopératif reverse 6 centimes à l’association de votre choix parmi ses 10 partenaires.

L’idée est remarquable. Elle illustre, tout comme les SMS de dons récemment utilisés à destination d’Haïti, comment la technique peut aujourd’hui aider les consommateurs un minimum soucieux de leurs prochains à passer à l’acte en facilitant considérablement la démarche de don.

Par ailleurs, la campagne lancée pour promouvoir la carte est originale et pertinente car elle mime les particularités de cette dernière : pour chacune des vues de la vidéo suivante, le Crédit Coopératif versera 5 centimes à une association (dans la limite de 300 000 vues).



Certes, le principe n’est pas révolutionnaire, puisqu’on a déjà pu le voir à l’œuvre chez la Germany Deutsche Bahn ou Starbucks. Mais il a le mérite de tomber à point nommer et de servir une campagne qui respecte les principes fondamentaux du marketing éthique :

–          Simplicité et humilité VS surenchère et surpromesse

–          Des communications qui montrent patte blanche et fournissent des preuves tangibles VS des bonnes paroles


Orange RockCorps : séduire les jeunes en conciliant leurs aspirations au divertissement et à l’engagement citoyen

juin 10, 2009

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Cette initiative originale venue de Grande Bretagne mêle branded entertainment et responsabilité sociale afin de séduire et fidéliser les jeunes.

Elle  invite ces derniers à donner de leur temps et de leur personne pour divers projets d’intérêt publique en échange de places pour des spectacles, concerts et autres évènements exclusifs.


The Greenwashing Index : la délation collaborative au service de l’environnement

mars 4, 2009

Le Greenwashing Index est un site collaboratif qui permet aux internautes de se regrouper pour évaluer le degré d’authenticité ou de malhonnêteté des publicités à caractère environnemental diffusées par les annonceurs.

greenwashingindex1

Il reflète plusieurs tendances de fond de la société :

– Les aspirations accrues des citoyens à la transparence, et leurs flirts ambigus avec la délation.

– La manie de tout objectiver par des notes et des chiffres (profs, médecins, entreprises, amants, etc..).

– Le pouvoir grandissant que la collaboration offre aux consommateurs dans le rapport de force qui les oppose aux entreprises.


La pantique, ou l’émergence du Monde comme universel concret

février 8, 2009

Science et conscience ont toujours entretenu des rapports tumultueux, accouchant le plus souvent, comme en témoigne l’histoire récente, d’une dialectique complexe articulant craintes irrationnelles et espérances utopiques.

En effet, la tragédie de la modernité tient en grande partie aux désillusions suscitées par le progrès : la science et la technique ont n’ont pas été à la hauteur des espoirs de bonheur et sagesse que l’on avait placés en elles. Pire, elles ont donné naissance au siècle le plus barbare qu’ait connu l’humanité (jusqu’à présent).

Malgré cela, à en croire les propos de Michel Serres dans La Guerre mondiale, la connaissance serait désormais source d’un nouvel optimisme éthique car nous disposons d’outils inédits pour appréhender le Monde.

1/ Le Monde comme totalité

Le Monde, en tant qu’on désigne par ce mot une totalité, a longtemps été tenu pour une abstraction, ou, disons le plus crûment, pour une vue de l’esprit.

Kant par exemple, dans Critique de la raison pure,  définit le monde comme « l’ensemble mathématique de tous les phénomènes et la totalité de leur synthèse ».

Simple Idée de la raison, le Monde constitue ici un horizon qui, à la différence des concepts de l’entendement, doit se contenter de réguler la pensée sans pouvoir jamais être appréhendé de façon empirique, car il pousse « la synthèse jusqu’à un degré qui dépasse toute expérience possible ».

2/ Le Monde comme universel concret

Aujourd’hui, tout se passe comme si cette totalité pouvait, par la médiation de la technique et du calcul, devenir objet d’expérience :

« Nous accédons aujourd’hui à des universels concrets : moins H2O que la totalité des eaux en réserve et en circulation, banquises, océans, pluies et ruissellements ; moins l’air que l’atmosphère dans son office, sa composition et sa probable évolution ; moins la glèbe que la somme de l’avenir de notre planète Terre ; moins le feu que nos stocks d’énergie et les poubelles de leur dégradation ; moins la vie que la diversité des espèces ; moins l’Homme que sa paléoanthropologie et l’addition de ses cultures et activités ; moins notre petite histoire que le Grand Récit… Soit, à l’horizon, le réel dans sa somme »

[…]

« tout le monde a désormais accès à ces comptes totaux et réels, à cette vision globale. En référence au mot grec pan, repris sans cesse dans les termes où intervient la totalité, j’appelle plus loin pantique cette technologie des sommes globales. Non seulement que tous aient accès à toutes les informations possibles, mais que tous accèdent, en fait à ces sommes concernant le tout. »

(Michel Serres, La Guerre mondiale, p184)

3/ De nouveaux enjeux éthiques et politiques

Pour l’auteur, cette connaissance a d’importantes conséquences éthiques et politiques et peut devenir le point de départ d’un nouveau projet de société :

« Or comme tout le monde peut connaître cette somme et les autres, nous assistons à l’émergence d’une démocratie nouvelle, celle des données, celle des totalités. Peu à peu et un à un, l’humanité accède aux connaissances concernant l’humanité, son espace habitable, sa vie possible et le temps de son Grand Récit. Comme cette démocratie s’ensuit de ces calculs et peut les contrôler, elle naît comme sujet, comme active production de ces synthèses, mais aussi comme leur résultat, elle naît comme objet. L’humanité devient sujet de son monde et son objet. Cette nouvelle donne cognitive ne peut pas ne pas faire émerger une nouvelle culture, de nouvelles politiques. L’individu et l’humanité tendent à succéder à la citoyenneté. » (Ibidem, p186)

En droit, l’avènement du Monde accroît le sentiment de responsabilité des hommes à l’égard de la planète. En accédant à un niveau ontologique supérieur, le Monde, est davantage digne de respect. L’état d’urgence dans lequel il se trouve et les violences qui lui sont infligées deviennent à la fois plus palpables et moins supportables. Le concept de citoyen du monde, acquiert une densité et une consistance sans précédents, et redessine un nouveau vivre ensemble à l’échelle de l’humanité.

Enfin, les actions des hommes ont accès à une efficacité accrue maintenant que de nouveaux outils permettent de mieux les calibrer et les évaluer.

4/ La pantique en action : quelques exemples

La pantique revêt une place de plus en plus déterminante dans les discours relatifs à l’écologie et au social. En permettant d’ausculter le monde en temps réel, grâce à la production et la diffusion de statistiques globales sur des sujets aussi divers que le réchauffement climatique, les émissions de CO2, ou les évolutions sociodémographiques, elle rend les campagnes de sensibilisation à la fois plus convaincantes et plus pédagogiques.

World’o Meters

worldometers

A voir sur : http://www.worldometers.info/fr/

Planetoscope

planetoscope

A voir sur : http://www.planetoscope.com/

Par extension, elle a vocation à jouer un rôle privilégié dans les communications d’entreprise liées à la responsabilité sociale ou au green marketing. Face à une opinion qui exige toujours plus de transparence et d’honnêteté, elle sert les stratégies de crédibilisation des organisations

En permettant à ces dernières de « montrer pâte blanche » et de construire leur discours sur des fondements solides et tangibles. De ce point de vue, elle constitue un excellent antidote au greenwashing.

Philips, par exemple, y recourt lorsqu’elle communique sur l’empreinte carbone mondiale de ses ampoules basse consommation dans le site A Simple Switch :

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Dans un registre très différent, l’opérateur Sprint s’est également appuyé sur des statistiques globales en temps réel pour faire la promotion de sa clé Internet. L’initiative, qui a déjà été abondamment commentée (par exemple ici), repose sur la création d’un widget original.

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Ici, la pantique apparaît comme un argument de vente pour un service Internet. En effet, Internet est présenté comme la condition de possibilité de la pantique, et les statistiques proposées au consommateur permettent de mettre en scène une promesse extrêmement forte : grâce à la clé Internet de Sprint, l’ensemble du monde est à porté de main, et accessible à n’importe quel point du temps et de l’espace.

La figure rhétorique employée fait songer au principe hologrammatique cher à Edgar Morin : le tout est contenu dans chacune des parties et chacune des parties est contenues dans le tout. Ainsi, tout comme chaque cellule contient virtuellement l’ensemble du corps via le programme codé au sein de son matériel ADN, chaque accès Internet contient virtuellement la totalité du monde.

5/ antique et  plastique : l’art au service de la connaissance

La pantique a également des incidences dans le domaine de l’art, domaine dont une des principales fonctions est, comme chacun sait, de susciter des prises de conscience.

C’est ce dont témoigne par exemple l´exposition Terre Natale, Ailleurs commence ici co-signée par Raymond  Depardon et Paul Virilio à la fondation Cartier.

L’urbaniste et philosophe Paul Virilio a sollicité des artistes afin de mettre en scène visuellement sa réflexion sur les phénomènes de migration mondiaux : « L´ultime salle de l´exposition est entièrement consacrée à une cartographie inédite, qui offre une visualisation dynamique des migrations de population et de leurs causes à travers une projection circulaire créant un environnement immersif. Le visiteur se voit entouré par la projection d´une sphère tournant autour de la salle et qui, à chaque orbite, traduit et retraduit les différentes données migratoires sous forme de cartes, de textes et de trajectoires. »

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Know The Signs : Heineken concilie communication responsable et engagement des consommateurs

janvier 8, 2009

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Enfin une campagne de communication responsable qui n’est ni ennuyeuse ni moralisatrice, a-t-on envie de dire ! Oui, sauf que, et c’est là que réside le génie de la marque, on ne peut pas la réduire à une simple communication institutionnelle.

En effet, Heineken réalise une belle performance dans un secteur soumis à une législation particulièrement contraignante grâce à un mélange des genres étonnant.

Entre communication de marque et communication institutionnelle, Know The Signs invite les consommateurs à modérer leur consommation d’alcool tout en les encourageant implicitement à acheter Heineken grâce à la connexion émotionnelle et la complicité qu’il développe avec eux.

Le procédé de cette campagne ressemble fort à une figure rhétorique de prétérition. Il rapelle cette campagne SFR qui, sous couvert de communication pour une fonctionnalité de control parental, faisait la promotion des contenus pornographiques mobiles.

 

PS : la typologie des ivresses rapellera aux fans de Gad son sktech sur la boîte de nuit.


Virgins pour Humanitarian Lions

janvier 7, 2009

Un petit clin d’oeil à nos amis de BK et surtout de Crispin Porter…


Les insectes sont nos amis : quand Häagen-Dazs se met au vert

avril 3, 2008

« Häagen-Dazs aime les abeilles » clame le nouveau et brillant site lancé par Häagen-Dazs pour communiquer sur sa responsabilité sociale.

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L’initiative est remarquable à plusieurs égards :

– Tout d’abord, dans le choix de la cause : la marque se différencie en choisissant un combat spécifique à sa marque (la sauvegarde des abeilles indispensables à la production des ingrédients utilisés dans ses glaces), par opposition au choix de thématiques plus communes comme le rejet de CO2 ou la production de déchets. HD préempte un territoire et favorise ainsi la mémorisation des consommateurs.

– Dans le choix du traitement : le choix de la cause permet également de déboucher sur un traitement tout à fait original et inattendu pour un site corporate. Les codes renvoient davantage aux codes de la communication produit grand public, voire aux codes de la communication pour enfants. La mise en scène « naïve » des abeilles permet de créer une connexion émotionnelle avec l’audience. On frise de peu le chantage émotionnel, comme pour le chat de Shrek.

– Dans l’imbrication des niveaux de communication corporate et de communication produit : la communication corporate vient ici renforcer le marketing produit de la marque, dans une sorte de quasi marketing vert. La marque a lancé un parfum spécial pour attirer l’attention des consommateurs sur la cause et reverse une part des ventes de ses pots de glace à des chercheurs investis dans la défense de l’espèce. La marque a même créé une boutique dédiée dont les fonds serviront à aider les abeilles !

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