Aristote, dans sa sagesse, a bien mis en évidence le fait suivant : c’est en posant les bons problèmes qu’on trouve les bonnes solutions.
« quand on veut résoudre une difficulté, il est bon de la développer avec soin, car l’aisance future de la pensée suppose la solution des difficultés qui existaient auparavant, et il est impossible de dénouer un nœud sans le connaître. L’embarras de la pensée rend ce nœud évident pour l’objet de notre investigation. En effet, être embarrassée, c’est, pour la pensée, se trouver dans un état semblable à celui d’un homme enchaîné : pas plus que lui, elle ne peut aller de l’avant. Toutes les difficultés doivent donc être examinées préalablement, pour ces motifs certes, mais aussi parce que chercher, sans poser d’abord le problème, c’est comme si l’on marchait sans savoir où l’on va, c’est s’exposer même à ne pouvoir reconnaître si, à un moment donné, on a trouvé, ou non, ce qu’on cherchait. Il est évident, en effet, qu’alors on n’a point de but ; seul a clairement un but celui qui a d’abord discuté les difficultés. Enfin, on se trouve nécessairement dans une meilleure situation pour juger, quand on a entendu, comme parties adverses en quelque sorte, tous les arguments opposés. »
Aristote, METAPHYSIQUE, B 1
Si cette vérité s’applique à toute forme de pensée en général, elle revêt, a fortiori, une importance déterminante dans la pratique du planning stratégique.
Le rôle du planneur stratégique est avant tout de poser des problèmes et de les résoudre.
En effet, il a vocation à rationnaliser les démarches d’entreprises qui laissent une très grande part (et heureusement) à la subjectivité et à l’intuition.
Le travail de problématisation permet de s’assurer que la réponse créative ne soit pas, comme c’est parfois le cas, totalement gratuite, c’est-à-dire peut-être originale mais sans nécessité ou sans pertinence par rapport à l’univers de l’annonceur et à ses objectifs : pourquoi travailler tel imaginaire, employer tel traitement visuel ou choisir tel mix digital plutôt qu’un autre ?
Pour sortir du cadre, encore faut-il que celui-ci soit posé, et correctement qui plus est. Le planneur a pour mission de canaliser l’énergie des créatifs pour maximiser l’efficacité des campagnes.
L’ennui est que les problèmes arrivent rarement « tout faits » , et encore plus rarement posés en des termes adéquats.
Ainsi, poser les problèmes est presque aussi important que de les résoudre : interpréter, analyser, creuser voire challenger un brief, appréhender les consommateurs sous un nouvel angle, élargir ou rétrécir le périmètre concurrentiel, extrapoler une promesse, remettre en perspective un positionnement ou un mix produit, etc.